Le Brexit est la nouvelle crainte des constructeurs automobiles. Le 23 juin dernier, 51,9% des britanniques ont choisi de quitter l’Union Européenne. Mais cette sortie précipitée de la Grande-Bretagne pourrait coûter des milliards d’euros aux constructeurs automobiles basés outre-manche.
Nissan, Honda, Ford et tant d’autres… Les constructeurs automobiles étrangers ont implanté beaucoup d’usines ces vingts dernières années. Fruit d’une politique gouvernementale, la Grande-Bretagne est devenue une base arrière de production pour les marques automobiles. Près d’1,6 millions de véhicules sont sortis des usines l’an dernier, dépassant ainsi la France. L’inquiétude vient du fait que seulement 30% de ces véhicules sont immatriculés sur le sol britannique. De ce fait, 70% des voitures fabriquées outre-manche sont exportées vers le marché européen.
Au royaume des usines
Historiquement, l’Angleterre est un grand pays industriel et d’automobile, cumulant les véhicules légendaires. À la fin du XXe siècle, les entreprises locales sont passées sous pavillon étranger. Au même moment, Nissan et Honda ont installé des usines avant que d’autres ne leur emboîtent le pas. Aujourd’hui, l’industrie automobile représente 800 000 emplois en Grande-Bretagne. Les marques ont développé des usines capables d’irriguer le marché européen. Comme Nissan qui, dans son usine de Sunderland, produit quatre modèles de la marque : le Qashqai, le Note, le Juke et le Q30. Dans son usine de Swindon, Honda fabrique les prochaines Civic, Jazz et CR-V qui inonderont le marché européen. Le Brexit pourrait obliger toutes ces entreprises à déplacer leurs usines en Slovaquie ou en Pologne si des mesures contraignantes sont appliquées.
Les limites du Brexit
Le Brexit sortira la Grande-Bretagne de la zone de libre échange et entraînera de fait le rétablissement de frontières douanières. Néanmoins, l’Angleterre semble vouloir suivre l’exemple de la Norvège qui ne fait pas partie de l’Union Européenne mais a signé un accord bilatéral avec cette dernière afin d’intégrer le marché unique. Actuellement, une taxe douanière de 10% est à l’ordre du jour même si Greg Clark, le ministre britannique des entreprises, souhaite négocier des échanges commerciaux sans droit de douanes. Outre la taxation, le problème d’harmonisation des normes se pose. Si demain les voitures britanniques devaient faire l’objet d’un passage chez un expert pour attester de leurs normes, comme c’est actuellement le cas des voitures américaines, les consommateurs seraient réfractaires à mettre encore la main à la poche. Sachez également que pour immatriculer un véhicule acquis à l’étranger, un contrôle technique réalisé dans un centre agréé en France doit être réalisé et daté de moins de 6 mois on parle alors de visite anticipée. Si un « Hard Brexit » venait à être appliqué, les constructeurs automobiles traverseraient la Manche sans aucune hésitation.
Pour sa part, Opel a annoncé un exercice 2016 déficitaire. Selon son PDG, le coupable n’est autre que le Brexit ! Serait-ce la première victime d’une longue série ?