Présentée à New York en février 1954, la Mercedes 300 SL célèbre cette année ses soixante ans. Fierté du constructeur allemand, ce bijou d’originalité est une de ses ambassadrices historiques sur le marché américain. La preuve : près de 80 % de la production de Mercedes 300 SL fut vendue aux Etats-Unis ! Un succès jamais démenti et qui s’est depuis largement développé dans le reste du monde.
Si ses performances techniques indéniables se reflètent dans un impressionnant palmarès sportif, la Mercedes 300 SL s’est d’abord distinguée grâce à ses fameuses portières verticales, qui s’ouvrent comme les ailes d’un papillon.
Gentiment surnommé Gullwing (« ailes de mouette » en anglais) par les Américains, ce coupé est devenu l’un des bolides les plus convoités des collectionneurs du monde entier. La côte de cet engin singulier n’a cessé de grimper pour atteindre plus d’un million d’euros aujourd’hui.
Mercedes « Papillon », renouveau de l’automobile allemande
La Mercedes « Papillon » illustre le miracle de l’industrie automobile allemande, au lendemain de la Seconde guerre mondiale. Dans cette époque troublée, Mercedes relance lentement sa production automobile.
Le nouveau règlement des grands prix n’arrivant qu’en 1954, le constructeur allemand décide de se faire la main en développant un coupé sportif inspiré du coupé 300 S présenté en octobre 1951. Le moteur, un six cylindres en ligne, s’incline à 50 degrés et comporte une lubrification par carter sec afin de pouvoir s’insérer dans la carrosserie très aérodynamique.
Mais le châssis tubulaire remonte de chaque côté et empêche l’ouverture normale des portes. C’est ainsi que naît l’idée des portières articulées par le haut, qui deviendront une signature incontournable.
Cette singulière bête de course connaîtra de grands succès sportifs, à commencer par les 24 Heures du Mansde 1952. Et lorsque la Talbot rend l’âme, après avoir caracolé en tête jusqu’à deux heures de l’arrivée, c’est le doublé pour Mercedes. La 300 SL enchaîne avec un triomphe lors de la Carrera Panamericana, au Mexique. La réputation du constructeur allemand est faite.
Ces aventures donnent naissance en février 1954 à une sensationnelle GT de route : la 300 SL. Entre alors en scène Max Hoffman, importateur actif de la marque aux Etats-Unis. Voyant venir le potentiel commercial de la voiture, il s’engage à en écouler un millier d’exemplaires et verse un acompte qui servira à créer le modèle de série.
Gullwing, une allemande à New York
Dévoilée au salon de New York, la Gullwing fait immédiatement sensation. En plus de ses portes en papillon, ce fascinant coupé est le premier au monde à disposer de l’injection directe d’essence. Son 6-cylindres 3 litres alimenté par un seul arbre à cames en tête déploie 215 chevaux. Autre originalité du modèle d’origine : le volant bascule à l’horizontal pour faciliter l’accès à bord.
C’est à partir de là que s’écrit la légende. Les ventes de la Mercedes 300 SL dépassent toutes les prévisions et la voiture devient un phénomène. Immortalisée par Andy Warhol, la voiture s’écoule à 1 400 exemplaires. Aujourd’hui, des passionnés traquent les modèles encore disponibles à la vente.
En 2012, une vente aux enchères organisée dans l’Arizona (USA), a ainsi vu partir un modèle pour la modique somme de… 4,62 millions de dollars ! De quoi faire passer la Lamborghini Veneno pour une « simple » voiture de luxe parmi d’autres.
À travers le monde, des fanclubs dédiés à cette seule voiture ont été créés et restent toujours actifs aujourd’hui. 60 ans après sa création, la Mercedes 300 SL n’a donc toujours pas pris une ride !
Crédits photographiques : Daimler Art Collection / Stuttgart – Wikimedia Commons